Au programme des vacances de cette premiere quinzaine d'Avril, avec Laetitia et Caroline, la decouverte du coeur meme de Madagascar, de l'interieur de ses terres, et de toutes ses merveilles. De Majunga a Manakara via Tannanarive, en taxi-brousse, train et pirogue...
Pour resumer, j'ai adoré :
- Dormir sous une couette a Tana, c'etait tellement douillet, si agreable cette petite fraicheur du soir.... Je me sentais comme a Chirollet, blottie sous les couvertures, chez ma mamie d'ardeche.
- Traverser les villages de terre rouge ou arpenter les rues de Tana, la capitale.
- Voir pour la premiere fois ces paysages de rizieres aux mille tons de vert; retrouver du relief et la beauté des montagnes, la senteur des resineux (hmm, cette bonne odeur, chargée de souvenirs. Il y a si longtemps qu'elle n'avait pas chatouille mes narines), et les vagues dechainées de l'ocean indien de Manakara si different du notre, a Mayotte, enferme dans un lagon ou les vagues se brisent.
- Entrer dans une maison Malgache et faire la connaissance d'une famille de dix personnes vivant dans une seule et meme piece....inimaginable!! Et pourtant quel accueil, quelle joie de vivre. Des sourires sur tous les visages, le rire des enfants qui se decouvrent sur l'ecran de l'appareil photo, et l'hospitalité, tout simplement...Ce fut un moment fort, un echange plein d'emotions....
- Visiter maternités, dispensaires et centre mere-enfant, toujours chaleureusement recue par mes collegues sage-femmes ou pediatres, nous offrant genereusement leur temps pour repondre a nos nombreuses questions et toujours nous remerciant de notre visite !!! Comme on se sent loin alors ... Comme nous avons a apprendre d'eux!
- Se regaler les yeux dans les marchés, veritable spectacle pour les touristes que nous sommes. Surprenants etals des bouchers, fruits et legumes inconnus, odeurs plus ou moins savoureuses, decouvertes amusantes comme ce miel vendu dans des flacons de medicaments pour perfusions, les tas de crevettes et les huitres exposés et vendus en plein soleil quand nous, nous ne les aimons que bien fraiches (on n'a d'ailleurs pas essayé), pyramides odorantes de crabes de terre, poissons couverts de mouches....
- La diversité des visages du peuple malgache, evoluant au fil des kilometres parcourus en taxibrousse. De meme, leurs manieres de se vetir, de se coiffer, de se parer (on se croit tantot en inde, tantot en afrique, parfois, et c'est encore plus surprenant, en amerique du sud). Deux constantes cependant, d'est en ouest : le sourire franc, et dans le dos de toutes ces femmes, un bebe, qui dors paisiblement, berce par les mouvement de sa mere au travail, dans les rizieres, les champs, ou sur les marchés.
Mais ceci n'est que mon regard de touriste. Evidemment tout n'est pas rose a Mada, et les sourires cachent le plus souvent une vie de misere et de labeur. La pauvrete est criante partout, mais encore plus inssupportable a Tanannarive. La majorite des malgaches n'ont rien, l'acces aux soins est difficile et limité, le taux de natalité est enorme, et de nombreux enfants souffrent de malnutrition ou de denutrition. C'est tres eprouvant de cotoyer autant de misere. On se sent rapidement depassé par l'ampleur des besoins, et surtout on se demande quelle est la meilleure facon de reagir face a toutes ces demandes qui nous sont faites sans cesse, toutes ces mains tendues...
Un voyage a Mada c'est un grand bouleversement...ca fait reflechir, relativiser. On apprend dans ce pays, l'un des plus pauvre du monde, la generosite.
On prend un peu plus conscience de notre chance, mais aussi de ce qu'on a perdu...On revient de Mada differents, un peu plus grands.
lundi 28 avril 2008
Emeutes
L'ile de mayotte a été le theatre d'emeutes le mois dernier, qui bien que n'ayant duré qu'une journée, ont crée au sein des esprits un veritable traumatisme.
J'etais ce matin la en reunion a la mater de Kahani, ou je m'etais rendu pour la premiere fois en vtt, lorsque je recois un sms de Jennifer : "Sois prudente, reste a la maison aujourd'hui, il y a des emeutes a Mamoudzou. Je suis enfermee au centre de sante mentale jusqu'a nouvel ordre."
Je ne comprends absolument rien a cette histoire d'emeutes, la vie a mayotte me semble d'habitude si paisible.
Facile et douce est la vie ici, mais pour certain seulement. Les "bien-nés", les chanceux, les heureux detenteurs de la nationalité Francaise. Soit environ un habitant sur deux a Mayotte. L'autre moitie, d'origine comorienne, est clandestine. Leur vie est bien differente a la notre. La misere dans laquelle ils vivent et la precarité de leur condition ici est sans aucun doute un terreau ideal a la violence et a la haine.
L'etincelle qui a mis le feu aux poudres est la "protection" francaise dont a beneficie Mohamed Bacar, refugié a Mayotte apres sa fuite de l'ile Comorienne d'Anjouan, ou l'armee comorienne venait de debarquer pour le deloger du pouvoir.
(Il avait pris abusivement le commandement d'Anjouan et regnait sur l'ile en veritable dictateur). Lorsque les Anjouanais ont appris que Bacar etait sur le sol Mahorais et que les autorites francaises refusaient de le leur rendre afin qu'il soit jugé par son propre peuple, leur incomprehension et leur colere a degenere en "chasse aux mzungous" c'est a dire en chasse aux blancs. Et mieux valait pour une fois ne pas etre blanc et se trouver a Mamoudzou ce jour la...beaucoup ont ainsi ete pris a parti, frappés, battus, linchés par une foule de jeunes dechainés....
Pendant ce temps la je rentrais sans trainer en vtt jusqu'a chez moi, ignorant encore ce qui se passait vraiment dans l'ile. Des voisins, jusque la inconnus, vinrent me demander la permission de mettre leur voiture a l'abri chez nous, et m'expliquerent la teneur des evenements...Ils me proposerent alors de venir me mettre a l'abris chez eux, car ils etait environ une dizaines alors que j'etais seule a la maison, Laetitia etant a la Reunion et Jen cloitrée au centre...Chez eux, au fil des heures les nouvelles ne sont guere rassurantes. On parle de morts, d'un bras coupé,de femmes qu'on tire par les cheveux pour les sortir de leur voiture. On dit que lorsque les renforts des forces de l'ordre debarquera a Mamoudzou le feu prendra dans les villages...Et l'apres midi se passe ainsi dans la peur d'etre pris pour cible par nos propres voisins car nous habitons au coeur du village de Combani....La desinformation est totale, on ne sait pas du tout comment evoluent les choses a la radio, les rumeurs enflent...Enfin, c'est le soulagement, Jen est de retour...liberee du centre...les emeutes sont terminées, tout le monde rentre a la maison....
On dort assez mal ce soir la...et depuis ce jour je fais regulierement des cauchemards concernant ces emeutes qui pour beaucoup ici ne sont pas terminées. Les expulsion vers Anjouan sont devenus impossibles depuis qu'Anjouan est de nouveau sous le controle du president comorien, et le prefet a semble t'il donne l'ordre de detruire tous les bangas, quartiers et bidonvilles clandestins, ce qui ne devrait pas arranger la situation de tous ces gens deja en grande precarite, ni les relations entre les blancs, les mahorais et les anjouannais....
Quoiqu'il en soit, vivre un evenement comme celui ci, meme sans en avoir ete victime directement marque les esprits...beaucoup veulent quitter mayotte...
J'etais ce matin la en reunion a la mater de Kahani, ou je m'etais rendu pour la premiere fois en vtt, lorsque je recois un sms de Jennifer : "Sois prudente, reste a la maison aujourd'hui, il y a des emeutes a Mamoudzou. Je suis enfermee au centre de sante mentale jusqu'a nouvel ordre."
Je ne comprends absolument rien a cette histoire d'emeutes, la vie a mayotte me semble d'habitude si paisible.
Facile et douce est la vie ici, mais pour certain seulement. Les "bien-nés", les chanceux, les heureux detenteurs de la nationalité Francaise. Soit environ un habitant sur deux a Mayotte. L'autre moitie, d'origine comorienne, est clandestine. Leur vie est bien differente a la notre. La misere dans laquelle ils vivent et la precarité de leur condition ici est sans aucun doute un terreau ideal a la violence et a la haine.
L'etincelle qui a mis le feu aux poudres est la "protection" francaise dont a beneficie Mohamed Bacar, refugié a Mayotte apres sa fuite de l'ile Comorienne d'Anjouan, ou l'armee comorienne venait de debarquer pour le deloger du pouvoir.
(Il avait pris abusivement le commandement d'Anjouan et regnait sur l'ile en veritable dictateur). Lorsque les Anjouanais ont appris que Bacar etait sur le sol Mahorais et que les autorites francaises refusaient de le leur rendre afin qu'il soit jugé par son propre peuple, leur incomprehension et leur colere a degenere en "chasse aux mzungous" c'est a dire en chasse aux blancs. Et mieux valait pour une fois ne pas etre blanc et se trouver a Mamoudzou ce jour la...beaucoup ont ainsi ete pris a parti, frappés, battus, linchés par une foule de jeunes dechainés....
Pendant ce temps la je rentrais sans trainer en vtt jusqu'a chez moi, ignorant encore ce qui se passait vraiment dans l'ile. Des voisins, jusque la inconnus, vinrent me demander la permission de mettre leur voiture a l'abri chez nous, et m'expliquerent la teneur des evenements...Ils me proposerent alors de venir me mettre a l'abris chez eux, car ils etait environ une dizaines alors que j'etais seule a la maison, Laetitia etant a la Reunion et Jen cloitrée au centre...Chez eux, au fil des heures les nouvelles ne sont guere rassurantes. On parle de morts, d'un bras coupé,de femmes qu'on tire par les cheveux pour les sortir de leur voiture. On dit que lorsque les renforts des forces de l'ordre debarquera a Mamoudzou le feu prendra dans les villages...Et l'apres midi se passe ainsi dans la peur d'etre pris pour cible par nos propres voisins car nous habitons au coeur du village de Combani....La desinformation est totale, on ne sait pas du tout comment evoluent les choses a la radio, les rumeurs enflent...Enfin, c'est le soulagement, Jen est de retour...liberee du centre...les emeutes sont terminées, tout le monde rentre a la maison....
On dort assez mal ce soir la...et depuis ce jour je fais regulierement des cauchemards concernant ces emeutes qui pour beaucoup ici ne sont pas terminées. Les expulsion vers Anjouan sont devenus impossibles depuis qu'Anjouan est de nouveau sous le controle du president comorien, et le prefet a semble t'il donne l'ordre de detruire tous les bangas, quartiers et bidonvilles clandestins, ce qui ne devrait pas arranger la situation de tous ces gens deja en grande precarite, ni les relations entre les blancs, les mahorais et les anjouannais....
Quoiqu'il en soit, vivre un evenement comme celui ci, meme sans en avoir ete victime directement marque les esprits...beaucoup veulent quitter mayotte...
Pour Bruno, mon oncle
Difficile de reprendre la redaction de ce blog apres tout ce temps et cette epreuve douloureuse que toute ma famille traverse actuellement....pourtant il faut continuer, etre fort, et regarder vers l'avenir, sans jamais l'oublier, mon cher tonton Bruno....pour Bruno qui lisait ce blog, je me dois de poursuivre sa redaction, et parcequ'il represente un lien precieux avec ma famille en peine, restee en metropole et qui plus que jamais, me manque.
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