L'ile de mayotte a été le theatre d'emeutes le mois dernier, qui bien que n'ayant duré qu'une journée, ont crée au sein des esprits un veritable traumatisme.
J'etais ce matin la en reunion a la mater de Kahani, ou je m'etais rendu pour la premiere fois en vtt, lorsque je recois un sms de Jennifer : "Sois prudente, reste a la maison aujourd'hui, il y a des emeutes a Mamoudzou. Je suis enfermee au centre de sante mentale jusqu'a nouvel ordre."
Je ne comprends absolument rien a cette histoire d'emeutes, la vie a mayotte me semble d'habitude si paisible.
Facile et douce est la vie ici, mais pour certain seulement. Les "bien-nés", les chanceux, les heureux detenteurs de la nationalité Francaise. Soit environ un habitant sur deux a Mayotte. L'autre moitie, d'origine comorienne, est clandestine. Leur vie est bien differente a la notre. La misere dans laquelle ils vivent et la precarité de leur condition ici est sans aucun doute un terreau ideal a la violence et a la haine.
L'etincelle qui a mis le feu aux poudres est la "protection" francaise dont a beneficie Mohamed Bacar, refugié a Mayotte apres sa fuite de l'ile Comorienne d'Anjouan, ou l'armee comorienne venait de debarquer pour le deloger du pouvoir.
(Il avait pris abusivement le commandement d'Anjouan et regnait sur l'ile en veritable dictateur). Lorsque les Anjouanais ont appris que Bacar etait sur le sol Mahorais et que les autorites francaises refusaient de le leur rendre afin qu'il soit jugé par son propre peuple, leur incomprehension et leur colere a degenere en "chasse aux mzungous" c'est a dire en chasse aux blancs. Et mieux valait pour une fois ne pas etre blanc et se trouver a Mamoudzou ce jour la...beaucoup ont ainsi ete pris a parti, frappés, battus, linchés par une foule de jeunes dechainés....
Pendant ce temps la je rentrais sans trainer en vtt jusqu'a chez moi, ignorant encore ce qui se passait vraiment dans l'ile. Des voisins, jusque la inconnus, vinrent me demander la permission de mettre leur voiture a l'abri chez nous, et m'expliquerent la teneur des evenements...Ils me proposerent alors de venir me mettre a l'abris chez eux, car ils etait environ une dizaines alors que j'etais seule a la maison, Laetitia etant a la Reunion et Jen cloitrée au centre...Chez eux, au fil des heures les nouvelles ne sont guere rassurantes. On parle de morts, d'un bras coupé,de femmes qu'on tire par les cheveux pour les sortir de leur voiture. On dit que lorsque les renforts des forces de l'ordre debarquera a Mamoudzou le feu prendra dans les villages...Et l'apres midi se passe ainsi dans la peur d'etre pris pour cible par nos propres voisins car nous habitons au coeur du village de Combani....La desinformation est totale, on ne sait pas du tout comment evoluent les choses a la radio, les rumeurs enflent...Enfin, c'est le soulagement, Jen est de retour...liberee du centre...les emeutes sont terminées, tout le monde rentre a la maison....
On dort assez mal ce soir la...et depuis ce jour je fais regulierement des cauchemards concernant ces emeutes qui pour beaucoup ici ne sont pas terminées. Les expulsion vers Anjouan sont devenus impossibles depuis qu'Anjouan est de nouveau sous le controle du president comorien, et le prefet a semble t'il donne l'ordre de detruire tous les bangas, quartiers et bidonvilles clandestins, ce qui ne devrait pas arranger la situation de tous ces gens deja en grande precarite, ni les relations entre les blancs, les mahorais et les anjouannais....
Quoiqu'il en soit, vivre un evenement comme celui ci, meme sans en avoir ete victime directement marque les esprits...beaucoup veulent quitter mayotte...
lundi 28 avril 2008
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